DEPUIS TOUJOURS,
L’HOMME FÉTICHISE TOUT CE QUI LUI TOMBE SOUS LA MAIN...
... tout ce qui lui passe par la tête, et tout ce qui lui échappe : le feu, les euves, les eurs, les dieux, les yeux, les sous-pulls à col roulé, le nombril, les aisselles, les genoux, le bas du dos, le timbre de la voix, Stone et Charden, les uniformes, le latex, les sous-pulls à col roulé, les aiguilles, les talons, les talons aiguilles, les cagoules, les urinoirs, les croix, les bannières, les pneus Michelin, la marchandise en général, le bas du dos en particulier — et les sous-pulls à col roulé.
— Selon Freud, le fétichisme découlerait de l’angoisse de castration par laquelle passe tout enfant. Difficile d’en savoir davantage car, lorsqu’on pose la question aux principaux intéressés, ils se contentent de poser sur vous leurs petits yeux de chapons hébétés à qui on aurait coupé la langue avec le hachoir qui nous assiste durant leur interrogatoire.
— Toujours est-il que, quand arrive la fin de l’année avec ses joyeuses festivités, l’homme occidental moderne, qui préfère d’ordinaire ne plus s’adonner à ce type de pratiques tribales en public, les perpétue pourtant en adoptant comme fétiche un petit arbre résineux vaguement phallique. L’homme l’accueille alors dans son salon et le pomponne afin d’y déposer — mais surtout d’y recevoir — diverses offrandes (« Chouette, un pneu Michelin ! »). Le jour J, le rituel est immuable : après s’être flagellé le bas du dos avec énergie, on enfile un sous-pull à col roulé puis on invoque Tino Rossi à tue-tête avant d’assommer un enfant avec une bûche pour le faire rôtir avec des marrons. Quelques jours plus tard, une fois l’An nouveau advenu sans encombre, l’homme se débarrasse de son totem en le jetant tout bonnement à la rue. En attendant la prochaine échéance, il fera mine d’être sage comme un mirage. Et c’est donc fort à propos que la SPALAPLIP (Société Protectrice des Arbustes Lâchement Abandonnés Par Leurs Ingrats Propriétaires) collecte des preuves en dépêchant sur place des fétichistes d’un autre genre : ceux de la lumière et de la mise en boite des images – aussi appelés photographes. Alexandre Bena est l’un d’eux.
— Orion Scohy —
DEPUIS TOUJOURS,
L’HOMME FÉTICHISE TOUT CE QUI LUI TOMBE SOUS LA MAIN...
... tout ce qui lui passe par la tête, et tout ce qui lui échappe : le feu, les euves, les eurs, les dieux, les yeux, les sous-pulls à col roulé, le nombril, les aisselles, les genoux, le bas du dos, le timbre de la voix, Stone et Charden, les uniformes, le latex, les sous-pulls à col roulé, les aiguilles, les talons, les talons aiguilles, les cagoules, les urinoirs, les croix, les bannières, les pneus Michelin, la marchandise en général, le bas du dos en particulier — et les sous-pulls à col roulé.
— Selon Freud, le fétichisme découlerait de l’angoisse de castration par laquelle passe tout enfant. Difficile d’en savoir davantage car, lorsqu’on pose la question aux principaux intéressés, ils se contentent de poser sur vous leurs petits yeux de chapons hébétés à qui on aurait coupé la langue avec le hachoir qui nous assiste durant leur interrogatoire.
— Toujours est-il que, quand arrive la fin de l’année avec ses joyeuses festivités, l’homme occidental moderne, qui préfère d’ordinaire ne plus s’adonner à ce type de pratiques tribales en public, les perpétue pourtant en adoptant comme fétiche un petit arbre résineux vaguement phallique. L’homme l’accueille alors dans son salon et le pomponne afin d’y déposer — mais surtout d’y recevoir — diverses offrandes (« Chouette, un pneu Michelin ! »). Le jour J, le rituel est immuable : après s’être flagellé le bas du dos avec énergie, on enfile un sous-pull à col roulé puis on invoque Tino Rossi à tue-tête avant d’assommer un enfant avec une bûche pour le faire rôtir avec des marrons. Quelques jours plus tard, une fois l’An nouveau advenu sans encombre, l’homme se débarrasse de son totem en le jetant tout bonnement à la rue. En attendant la prochaine échéance, il fera mine d’être sage comme un mirage. Et c’est donc fort à propos que la SPALAPLIP (Société Protectrice des Arbustes Lâchement Abandonnés Par Leurs Ingrats Propriétaires) collecte des preuves en dépêchant sur place des fétichistes d’un autre genre : ceux de la lumière et de la mise en boite des images – aussi appelés photographes. Alexandre Bena est l’un d’eux.
— Orion Scohy —